L'abbaye de Saint-Riquier
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HECTARES DE DOMAINE
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L'abbaye de 1400 ans construite par Charlemagne
" Aujourd’hui je suis dans le Ponthieu, un vieux comté situé en Picardie et je vous emmène découvrir une abbaye à l’histoire assez exceptionnelle ! C’est un des berceaux de l’Europe telle qu’on la connaît, un foyer de l’écriture et du savoir occidental : l’abbaye de Saint-Riquier a même fait battre le cœur de l’empire du puissant Charlemagne."
Benjamin Brillaud alias Nota Bene
Saint-Riquier, renaissance d'une abbaye
Un documentaire produit par France 3 pour le magazine "Pourquoi chercher plus loin: Saint-Riquier, renaissance d'une abbaye".
Propriété du Conseil départemental de la Somme depuis 1972, l'abbaye de Saint-Riquier accueille désormais le centre culturel départemental, avec une programmation riche, diversifiée et de qualité.
L’abbaye en quelques dates clefs
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Fondation de l’abbaye par saint Riquier
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Charlemagne vient fêter Pâques à l’abbaye
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L’abbaye est attaquée et incendiée par les Vikings
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L’abbaye est détruite par l’incendie provoqué par Hugues III Candavène, comte de Saint-Pol
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L’église abbatiale est reconstruite dans le style gothique
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Edification de la façade actuelle, de style gothique flamboyant
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L’abbaye est restaurée et rejoint la congrégation de Saint-Maur
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L’abbaye est vendue comme bien national pendant la Révolution française
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Ouverture du petit séminaire de Saint-Riquier dans l’abbaye
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L’abbaye sert d’hôpital militaire
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L’abbaye devient la propriété du Conseil départemental de la Somme
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Création du festival de Saint-Riquier
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Création du centre culturel départemental
Histoire de l'abbaye
Selon la tradition, l’abbaye fut fondée vers 625 par saint Riquier, un laïc converti à la vie religieuse, dans sa jeunesse, par deux moines irlandais. Entre la fin du VIIIe et la fin du IXe siècle, c’est-à-dire à l’époque carolingienne, elle fut un grand centre religieux, culturel et intellectuel, notamment après sa reconstruction à l’initiative de l’abbé Angilbert, un proche de Charlemagne qui vint fêter Pâques à Saint-Riquier en 800.
Attaquée et incendiée par les Vikings en 881, l’abbaye entra ensuite dans une période de déclin qui dura environ un siècle. Les abbés du XIe siècle s’efforcèrent de lui rendre sa grandeur passée mais elle fut détruite par l’incendie provoqué en 1131 par Hugues III Candavène, comte de Saint-Pol, alors en guerre contre des seigneurs rivaux.
Dans la seconde moitié du XIIIe siècle, l’abbé Gilles de Machemont entreprit de reconstruire l’église abbatiale dans le style gothique, comme le montre le chœur actuel qui date de cette époque.
Entre le début du XVe et le milieu du XVIe siècle, l’abbaye connut plusieurs incendies à chaque fois suivis par des phases de reconstruction. C’est de l’une d’elle, au début du XVIe siècle, que date la façade actuelle, magnifique exemple de style gothique flamboyant.
Dans la seconde moitié du XVIIe siècle, sous l’abbatiat de Charles d’Aligre, l’abbaye fut restaurée et rejoignit la congrégation de Saint-Maur, dont les moines étaient réputés pour leur érudition, en 1660.
Touchée par un nouvel incendie en 1719, puis vendue comme bien national pendant la Révolution, en 1791, elle échappa cependant à une destruction totale car l’église abbatiale devint l’église paroissiale de Saint-Riquier.
Finalement rachetée par le diocèse d’Amiens, l’abbaye fut restaurée au cours du XIXe siècle et accueillit un petit séminaire de 1828 à 1906, puis de 1926 à 1952. Elle servit d’hôpital militaire pendant les deux guerres mondiales puis devint le siège de la congrégation des Frères auxiliaires du clergé en 1953.
Devenue propriété du Conseil départemental de la Somme en 1972, l’abbaye accueille le festival de Saint-Riquier, depuis 1985, pour le plus grand plaisir des mélomanes. Depuis 2012, elle abrite également un centre culturel départemental proposant une programmation riche et de qualité.
L’église abbatiale
Classée monument historique en 1840, l’abbatiale de Saint-Riquier est particulièrement renommée pour sa façade édifiée au début du XVIe siècle dans le style gothique flamboyant. Dominée par une tour-clocher haute de près de 50 mètres et encadrée par deux tourelles d’escalier, la façade comprend trois portails admirablement sculptés, en particulier le portail central. Sur le tympan de ce dernier figure un arbre de Jessé, représentation symbolique de la généalogie de Jésus. Au-dessus du tympan, on peut voir sur deux registres, de part et d’autre d’une statue de la Trinité, plusieurs apôtres et deux abbés. À l’intérieur du gable, reconnaissable à sa forme triangulaire, est sculpté le Couronnement de la Vierge. Plus haut encore, au niveau des cloches, sont représentés saint Michel, Adam et Ève, et les prophètes Moïse et David.
L’intérieur de l’abbatiale est tout aussi intéressant que la façade. La nef, haute de près de 25 mètres, frappe par sa blancheur et sa luminosité. Sur les deux piliers soutenant la tribune d’orgue, on remarque deux grandes statues représentant, pour l’une, saint Christophe traversant un torrent et, pour l’autre, saint Jacques le Majeur. L’orgue, qui date du XVIIIe siècle, comprend trente jeux. Une grille en fer forgée datant du XVIIe siècle sépare la nef du transept et du chœur. Dans ce dernier, on peut notamment admirer les stalles en chêne sculpté, le maître-autel en marbre surmonté d’un grand Christ en croix, la chaire abbatiale et l’aigle-lutrin. Le déambulatoire, dans lequel il ne faut pas manquer la châsse contenant le crâne de saint Riquier, dessert plusieurs chapelles rayonnantes dont la plus grande est dédiée à la Vierge Marie.
Les ailes et le logis abbatial
Les ailes de style classique qui entourent l’église abbatiale ont été construites dans la seconde moitié du XVIIe siècle sous l’abbatiat de Charles d’Aligre, puis restaurées au XVIIIe siècle (après l’incendie de 1719) et à nouveau au XIXe siècle (après les dommages consécutifs à la Révolution française et à une violente tempête qui eut lieu en 1800). Avant la Révolution, elles constituaient les bâtiments conventuels destinés à la vie quotidienne des moines (celliers, cuisines, réfectoire, dortoir, infirmerie...). Au XIXe siècle, après leur restauration, les ailes furent utilisées par le petit séminaire. On y trouve aujourd’hui des salles d’exposition, des salles de séminaire et un théâtre dédié aux spectacles vivants.
Le logis abbatial, c’est-à-dire la demeure réservée à l’abbé, a lui aussi été construit sous l’abbatiat de Charles d’Aligre. Il servit à l’origine à remplacer l’ancien logis abbatial, aujourd’hui disparu, qui datait de la fin du XVe siècle et se trouvait à l’emplacement du parvis actuel, devant l’église abbatiale. Acheté en 1791 par l’abbé Callé, curé de Saint-Riquier, le logis abbatial fut utilisé au XIXe siècle par le petit séminaire. La chapelle de ce dernier fut d’ailleurs édifiée au sud de celui-ci, au début des années 1860, mais elle a été détruite en 1974 pour redonner toute sa perspective à l’abbaye. Le logis abbatial accueille aujourd’hui une annexe de la Bibliothèque départementale de la Somme.
Les bâtiments du XIXe siècle
Trois bâtiments datant du XIXe siècle sont visibles dans le parc arboré qui entoure l’abbaye. Celui qui se trouve dans le prolongement de l’aile orientale fut construit pour les besoins du petit séminaire. Les deux autres bâtiments sont des granges picardes qui proviennent d’Omécourt, dans l’Oise, et ont été reconstruites dans les années 1980 en respectant les matériaux et les techniques du XIXe siècle (pierres, briques, bois, torchis, chaux et tuiles plates). Avec leurs différents outils et instruments d’autrefois, elles permettent d’illustrer la vie rurale, agricole et artisanale en Picardie à cette époque.
Le parc et les jardins
Au détour d’une promenade, on peut y admirer les granges picardes, les « petites écoles » et le mur d’enceinte formant un jardin arboré carré presque fermé. Sur environ 3 hectares sont plantés 300 arbres fruitiers : pommiers, poiriers, cerisiers, pêchers, pruniers mais aussi châtaigniers, noyers et noisetiers, ainsi qu’une centaine d’arbres d’ornement. Le parc et les granges abritent également des œuvres d’art, notamment à l’occasion des expositions d’art contemporain ou à titre durable.